Amateurs ou spécialistes, nous connaissons tous le plaisir de reconnaître une plante, la nommer, la décrire, la comparer à d'autres, ou tout simplement en parler…
Utiliser les termes justes, pour nommer une plante, n'est pas une "coquetterie de scientifique éclairé", mais bien la garantie d'une communication efficace, avec un moindre risque de confusions pour nos interlocuteurs ...
Pour l'amateur de plantes, comme pour le professionnel, il est bien utile de pouvoir associer un nom à la plante qui l'intéresse, et parfois, de vérifier qu'elle a été étiquetée correctement, mais cela n'est pas si facile...
Devant l'infinie variété des espèces vivant sur notre planète, un système de classification et de dénomination a été mis en place, au 18e siècle, par le naturaliste suédois Carl von Linné.
Il est remarquable que ce système, s'inspirant un peu du modèle 'Nom/Prénom' défini pour les humains, ait permis, depuis lors, la dénomination de plusieurs millions d'espèces animales ou végétales.
Dans ce système, les noms sont composés de deux termes au moins : le genre et l'espèce, suivis éventuellement d'autres termes plus spécifiques, exprimés dans une langue universelle, le latin.
En préalable, il a été posé que les noms de genre doivent être uniques, donc sans homonymie possible.
On reconnaît souvent le Genre d'une plante (Echinopsis, Euphorbe, Agave, etc.), mais il est déjà plus difficile, pour un non-spécialiste, de reconnaître à quelle espèce elle appartient
On reconnaît souvent le Genre d'une plante (Echinopsis, Euphorbe, Agave, etc.), mais il est déjà plus difficile, pour un non-spécialiste, de reconnaître à quelle espèce elle appartient :
Ci-dessus : à Gauche 'Agave stricta', à droite : 'Mammillaria bocasana multilanata'.
Il ne suffit pas, toutefois, de nommer une plante. Il faut également la décrire, et dégager les caractères qui pourraient permettre de la différencier et/ou de la regrouper dans une catégorie. Cette nécessité a donné lieu à la constitution d'une Base de Données, dans laquelle sont mentionnées les descriptions de toutes les plantes répertoriées.
Pour qu'une telle base de données soit logique, cohérente et fiable, diverses disciplines se sont imposées, prenant en charge le classement des espèces, objet de la Taxonomie, et le nom des espèces, objet de la Nomenclature.
Depuis plus de deux siècles, les botanistes ont travaillé à enrichir la Base de Données avec les espèces qu'ils ont découvertes et décrites, tandis que d'autres œuvraient à construire un système de classification cohérent, la Systématique.
Les botanistes ont défini, pour cette branche du vivant qu'est le monde végétal, un système hiérarchisé de classification et de dénomination universel, regroupant les individus sur la base de proximités morphologiques et/ou génétiques.
Critères morphologiques
Le principe de classification le plus ancien, développé par le naturaliste suédois Linné au 18ème siècle, prend en compte les ressemblances morphologiques : l'arborescence est hiérarchisée du plus global au plus spécifique. Elle s'appuie essentiellement sur la description des différents éléments constitutifs des individus (tige, feuille, racine, fleur, fruit, graine) et tout particulièrement des organes reproducteurs.
Critères génétiques et évolutifs
Initié vers 1950 par le biologiste allemand Hennig, un second principe de classification s'impose actuellement du fait de l'avancement des connaissances en génétique et en biologie moléculaire : l'arborescence se construit en fonction des origines phylogénétiques. Les individus sont regroupés selon leurs liens de parenté ou leurs transformations au cours de processus évolutifs.
Chaque case de rangement, définie par un nom et des caractéristiques, ou critères d'identification, constitue ce que l'on appelle un taxon, élément unique quel que soit le niveau auquel il appartient (famille, genre, espèce, etc.).
Exemples de taxons :
Exemples de taxons :
La taxonomie est la discipline scientifique qui s'applique à encadrer et faire évoluer conjointement les règles des systèmes de classification, qui font l'objet de la systématique, et les règles internationales de dénomination, qui constituent la nomenclature.
La reconnaissance d'un nouveau taxon par le monde scientifique est liée au dépôt d'un exemplaire appelé "type" : attestation de la première identification ou description, le type peut être une plante (ou un élément de plante) conservée dans un herbier, ou une illustration, un texte, etc., et il est associé, une fois pour toutes, au nom de l'auteur qui fournit cette preuve d'un nouveau taxon.
La nomenclature binominale, officialisée par Linné en 1758 et toujours en application, consiste à nommer chaque plante par son binôme en langue latine, composé du nom de genre auquel elle appartient et du nom d'espèce qui la différencie des autres individus appartenant au même genre. On peut y rajouter, lorsqu'elles sont connues, les précisions de sous-espèce, variété, forme ou cultivar.
Le Code International de Nomenclature Botanique (CINB) contient toutes les règles destinées à encadrer la formation des noms botaniques, leur sauvegarde, leur utilisation, les listes de synonymes, etc.
Régulièrement mis à jour et réédité, il sert de référence à toutes les bases de données dédiées au monde végétal.
Le CINB encadre également l'écriture des noms de plantes par des règles strictes.
Règles Principales
Ces noms botaniques peuvent évoquer un personnage célèbre, ou une caractéristique, comme l'habitat, la forme de la plante, ou d'un de ses éléments, etc.
Ex. Mammillaria backebergiana : ce nom évoque les mamelons de la plante et rend hommage au collectionneur Backeberg.
S'il s'agit d'une plante produite par croisement, de façon contrôlée en culture, ou spontanément en milieu naturel, l'hybride obtenu portera le nom des deux parents (genres, espèces, ou variétés) séparés par la lettre 'x'.
Ex. Rebutia heliosa x albiflora = croisement entre 2 espèces de Rebutia
Certains hybrides intergénériques sont proposés sous le nom composé des deux parents, ils doivent alors être précédés de la lettre 'x'.
Ex. x Gasteraloe, issu de Gasteria et Aloe
x Graptoveria, issu de Graptopetalum et Echeveria
Le dépôt d'un taxon s'accompagne d'une description initiale qui, la plus fidèle soit-elle, n'est valable a priori que pour le specimen observé, dans son habitat le plus probable, et à un certain stade de sa croissance. Or dans le domaine du vivant, et pour diverses raisons, les caractères individuels peuvent s'exprimer différemment au sein d'une même 'famille', entrainant souvent des confusions ou des débats scientifiques enflammés. Cela débouche parfois sur la proposition de nouveaux noms, qualifiés (ou pas) de 'synonymes', qui ne font pas toujours l'unanimité et ne facilitent pas forcément la communication …
- Une même plante peut prendre des aspects différents en fonction par exemple de son habitat.
- Elle peut également évoluer et se modifier dans le temps au cours de processus d'adaptation ou d'hybridation naturelle.
- Elle peut, encore, être l'objet de désaccords au moment de son classement, et sa description peut s'enrichir de nouvelles observations entraînant son déplacement vers une autre catégorie.
Ex. : Ferocactus glaucescens f. nuda
syn. Echinocactus pfeifferi inermis
Les noms vernaculaires sont reconnus comme relevant de la culture populaire et bien appréciés dans les communautés restreintes d'amateurs.
Un nom vernaculaire, ou nom commun, utilisé localement et plus ou moins répandu géographiquement, est parfois fortement attaché à une plante. Souvent simple adaptation du nom latin à la langue locale, il peut aussi évoquer, de façon imagée ou poétique, certaines caractéristiques de la plante.
Ex. "Queue de singe" = Hildewintera colademononis
syn. Cleistocactus colademononis.
La CITES, "Convention on International Trade of Endangered Species" ou "Convention sur le commerce international de faune et de flore sauvages menacées d'extinction", est un texte, adopté en 1973 et signé initialement par 80 pays, destiné à faire opposition à l'exploitation et au commerce abusifs des espèces en voie de disparation.
Les listes des espèces concernées (30 000 environ pour la flore), révisées régulièrement par des comités responsables, sont réparties dans 3 groupes appelés Annexes I, II et III, en fonction du niveau de protection jugé nécessaire :
Les pays qui adhèrent à cette Convention (environ 183 actuellement) sont tenus de la faire appliquer et de définir les obligations et sanctions propres à leur territoire.
Les plantes succulentes, particulièrement exposées au pillage in situ et au commerce illicite, sont largement représentées sur ces listes de la CITES, où elles apparaissent sous leur nom botanique officiel (le dernier accepté par les organismes scientifiques), accompagné de leurs différents synonymes.