CAP - Cactus Amateurs Provence
Beaux exemples d'organisation géométrique presque parfaite - 1 : Astrophytum myriostigma v. nudum; 2 : Euphorbia suzannae; 3 : Astrophytum myriostigma quadricostatum (Coll. et Photos F. Harlay)
Amateurs ou spécialistes, nous connaissons tous le plaisir de reconnaître une plante, la nommer, la décrire, la comparer à d'autres, ou tout simplement en parler… Utiliser les termes justes, pour nommer une plante, n'est pas une "coquetterie de scientifique éclairé", mais bien la garantie d'une communication efficace, avec un moindre risque de confusions pour nos interlocuteurs ...
Devant l'infinie variété des espèces vivant sur notre planète, un système de classification et de dénomination a été mis en place, au 18e siècle, par le naturaliste suédois Carl von Linné.
Il est remarquable que ce système, s'inspirant un peu du modèle 'Nom/Prénom' défini pour les humains, ait permis, depuis lors, la dénomination de plusieurs millions d'espèces animales ou végétales.
Dans ce système, les noms sont composés de deux termes au moins : le genre et l'espèce, suivis éventuellement d'autres termes plus spécifiques, exprimés dans une langue universelle, le latin.
En préalable, il a été posé que les noms de genre doivent être uniques, donc sans homonymie possible.
Pour l'amateur de plantes, comme pour le professionnel, il est impératif de pouvoir associer un nom à la plante qui l'intéresse, et parfois, de vérifier qu'elle a été étiquetée correctement, mais cela n'est pas toujours évident.
On reconnaît souvent le Genre d'une plante (Echinopsis, Euphorbe, Agave, etc.), mais il est déjà plus difficile, pour un non-spécialiste, de reconnaître à quelle espèce elle appartient
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Il ne suffit pas, toutefois, de nommer une plante. Il faut également la décrire, et dégager les caractères qui pourraient permettre de la différencier et/ou de la regrouper dans une catégorie. Cette nécessité a donné lieu à la constitution d'une Base de Données, dans laquelle sont mentionnées les descriptions de toutes les plantes répertoriées.
Pour qu'une telle base de données soit logique, cohérente et fiable, diverses disciplines se sont imposées, prenant en charge le classement des espèces, objet de la Taxonomie, et le nom des espèces, objet de la Nomenclature.
Depuis plus de deux siècles, les botanistes ont travaillé à enrichir la Base de Données avec les espèces qu'ils ont découvertes et décrites, tandis que d'autres œuvraient à construire un système de classification cohérent, la Systématique.
Les botanistes ont défini, pour cette branche du vivant qu'est le monde végétal, un système hiérarchisé de classification et de dénomination universel, regroupant les individus sur la base de proximités morphologiques et/ou génétiques.
Principes fondamentaux régissant les systèmes actuels de classification
Le principe le plus ancien, développé par le naturaliste suédois Linné au 18ème siècle, prend en compte les ressemblances morphologiques : l'arborescence est hiérarchisée du plus global au plus spécifique. Elle s'appuie essentiellement sur la description des différents éléments constitutifs des individus (tige, feuille, racine, fleur, fruit, graine) et tout particulièrement des organes reproducteurs.
Le second principe, initié vers 1950 par le biologiste allemand Hennig, s'impose actuellement du fait de l'avancement des connaissances en génétique et en biologie moléculaire : l'arborescence se construit en fonction des origines phylogénétiques . Les individus sont regroupés selon leurs liens de parenté ou leurs transformations au cours de processus évolutifs.
Quel que soit le principe de classification adopté, les plantes sont classées, et parfois reclassées, à l'issue de nombreuses discussions et controverses, dans des catégories emboîtées, dont les plus couramment utilisées correspondent aux rangs taxonomiques principaux :
Pour les plantes non-hybrides, si l'on possède des informations plus précises (origine, habitat, physiologie, etc.), le classement peut être affiné à l'aide de rangs secondaires, bien utiles pour les recherches d'identification. Il s'agit notamment des sous-familles, tribus et sous-tribus, insérées entre familles et genres, et
des sous-genres, sections et sous-sections, insérées entre genres et espèces.
Pour le seul élément Fleur de 6 plantes succulentes
Pour le seul élément Tige de 6 plantes succulentes
Pour le seul élément Feuille de 6 plantes succulentes
La prise en compte récente des données phylogénétiques et généalogiques a quelque peu bouleversé les méthodes d'investigation des naturalistes et des observateurs de terrain. Elle apporte un éclairage nouveau sur le fait que les ressemblances morphologiques sont parfois trompeuses et
ont pu conduire à classer dans un même groupe des plantes qui n'avaient rien d'autre en commun que leur aspect extérieur. Inversement, des marqueurs génétiques similaires vont permettre de regrouper des plantes dont l'aspect très différent ne pouvait laisser soupçonner l'appartenance à un même groupe.
On ne peut pas en déduire la disparition à court terme de la nomenclature linnéenne. On arrive plutôt à une extension des critères d'identification, qui bouscule un peu les habitudes mais enrichit la connaissance. Si l'on veut suivre l'évolution des noms de plantes et de leurs synonymes, il faudra donc se référer au Code International de Nomenclature Botanique (CINB), mis à jour régulièrement.
Toutefois les amateurs de succulentes continueront à se comprendre sans trop de difficultés, même s'ils utilisent, par habitude ou méconnaissance, les noms de plantes consacrés par une nomenclature un peu plus ancienne.
Chaque case de rangement, définie par un nom et des caractéristiques, ou critères d'identification, constitue ce que l'on appelle un taxon, élément unique quel que soit le niveau auquel il appartient (famille, genre, espèce, etc.).
Exemples de taxons :
La taxonomie est la discipline scientifique qui s'applique à encadrer et faire évoluer conjointement les règles des systèmes de classification, qui font l'objet de la systématique, et les règles internationales de dénomination, qui constituent la nomenclature.
La reconnaissance d'un nouveau taxon par le monde scientifique est liée au dépôt d'un exemplaire appelé "type" : attestation de la première identification ou description, le type peut être une plante (ou un élément de plante) conservée dans un herbier, ou une illustration, un texte, etc., et il est associé, une fois pour toutes, au nom de l'auteur qui fournit cette preuve d'un nouveau taxon.
La nomenclature binominale, officialisée par Linné en 1758 et toujours en application, consiste à nommer chaque plante par son binôme en langue latine, composé du nom de genre auquel elle appartient et du nom d'espèce qui la différencie des autres individus appartenant au même genre. On peut y rajouter, lorsqu'elles sont connues, les précisions de sous-espèce, variété, forme ou cultivar.
Le Code International de Nomenclature Botanique (CINB) contient toutes les règles destinées à encadrer la formation des noms botaniques, leur sauvegarde, leur utilisation valide, les listes de synonymes, etc. Régulièrement mis à jour et réédité, il sert de référence à toutes les bases de données dédiées au monde végétal.
Le CINB encadre également l'écriture des noms de plantes par des règles strictes.
Règles principales :
Ces noms botaniques peuvent évoquer un personnage célèbre, ou une caractéristique, comme l'habitat, la forme de la plante, ou d'un de ses éléments, etc.
Ex. Mammillaria backebergiana : ce nom évoque les mamelons de la plante et rend hommage au collectionneur Backeberg.
S'il s'agit d'une plante produite par croisement, de façon contrôlée en culture, ou spontanément en milieu naturel, l'hybride obtenu portera le nom des deux parents (genres, espèces, ou variétés) séparés par la lettre 'x'.
Ex. Rebutia heliosa x albiflora = croisement entre 2 espèces de Rebutia
Certains hybrides intergénériques sont proposés sous le nom composé des deux parents, ils doivent alors être précédés de la lettre 'x'.
Ex. x Gasteraloe, issu de Gasteria et Aloe
x Graptoveria, issu de Graptopetalum et Echeveria
Une même plante peut prendre des aspects différents en fonction par exemple de son habitat. Elle peut également évoluer et se modifier dans le temps au cours de processus d'adaptation ou d'hybridation naturelle. Elle peut, encore, être l'objet de désaccords au moment de son classement, et sa description peut s'enrichir de nouvelles observations entraînant son déplacement vers une autre catégorie.
Ex. : Ferocactus glaucescens f. nuda
syn. Echinocactus pfeifferi inermis
Ces variations s'accompagnent de propositions de synonymes, qui ne font pas toujours l'unanimité et qui ne facilitent pas forcément la communication …
Un nom vernaculaire, ou nom commun, utilisé localement et plus ou moins répandu géographiquement, est parfois fortement attaché à une plante. Souvent simple adaptation du nom latin à la langue locale, il peut aussi évoquer, de façon imagée ou poétique, certaines caractéristiques de la plante.
Ex. "Queue de singe" = Hildewintera colademononis
syn. Cleistocactus colademononis.
Les noms vernaculaires sont reconnus comme relevant de la culture populaire et bien appréciés dans les communautés restreintes d'amateurs.
Pour les non-spécialistes, le choix du nom utilisé dépend souvent de l'étiquette accompagnant la plante lors de son acquisition, ou des habitudes de l'entourage.
La CITES, "Convention on International Trade of Endangered Species" ou "Convention sur le commerce international de faune et de flore sauvages menacées d'extinction", est un texte, adopté en 1973 et signé initialement par 80 pays, destiné à faire opposition à l'exploitation et au commerce abusifs des espèces en voie de disparation.
Les listes des espèces concernées (30 000 environ pour la flore), révisées régulièrement par des comités responsables, sont réparties dans 3 groupes appelés Annexes I, II et III, en fonction du niveau de protection jugé nécessaire :
Les pays qui adhèrent à cette Convention (environ 183 actuellement) sont tenus de la faire appliquer et de définir les obligations et sanctions propres à leur territoire.
Les plantes succulentes, particulièrement exposées au pillage in situ et au commerce illicite, sont largement représentées sur ces listes de la CITES, où elles apparaissent sous leur nom botanique officiel (le dernier accepté par les organismes scientifiques), accompagné de leurs différents synonymes.
The last Cactus Classification - Cette liste tient compte des dernières publications de Joël Lodé - (en anglais).
Liste Alphabétique des Taxons d'usage courant et leurs Synonymes - Extrait de l'ouvrage "Taxonomie des Cactaceae" de Joël Lodé.
Liste des Plantes Succulentes - Dernière liste (2012) des Plantes Succulentes Répertoriées par l'IOS (Organisation Internationale de Recherche sur les Plantes Succulentes). Pas de mise à jour depuis cette date.
Liste IPNI - International Plant Names Index.
Encyclopédie des Plantes Grasses - Sur le site du Cactus Francophone.
Base de données et forum de discussion sur les plantes succulentes - Sur le site "succulentguide.com" - (en anglais).
Base de données et forum de discussion sur les cactées - Sur le site "cactiguide.com" - (en anglais).
Encyclopédie des Succulentes - Sur le site "Llifle.com" qui regroupe plusieurs encyclopédies des êtres vivants - (en anglais).
Base de donnée sur les Opuntia d'Amérique du Nord - Sur le site "opuntiads.com" - (en anglais).
Base de donnée sur les Cylindropuntia et Corynopuntia d'Amérique du Nord - Sur le site "opuntiads.com/cyl" - (en anglais).
Reynaud, J. (2019) : Nomenclature Botanique. - Cours de Botanique, Université de Lyon. (en Français)
Nom d'un Cactus - Chapitre "Connaissances/Nom d'un Cactus" sur le site d'Henri Kuentz.