Enclavée entre le Pérou et le Chili à l'Ouest, le Brésil et le Paraguay à l'Est, et l'Argentine au Sud, la Bolivie est l'un des pays les plus arides et les plus pauvres de l'Amérique du Sud.
Notre expédition s'est déroulée essentiellement dans le quart sud-ouest de la Bolivie et notamment dans le département de Potosi. Cette région occupe le sud de l'Altiplano, sorte de cuvette sédimentaire, perchée à plus de 3000m d'altitude et protégée par les branches occidentale et orientale de la Cordillière des Andes. La traversée du Sud-Lipez, province du département de Potosi, où se trouve le fameux Salar d'Uyuni, nous a conduit au Nord du Chili où nous avons fait une incursion dans le désert d'Atacama.
Notre circuit, préparé avec un guide expérimenté, nous a permis de visiter les sites les plus remarquables de cette région, en évitant cependant les points de concentration touristique au profit de lieux d'exception, pour leur intérêt botanique, zoologique ou géologique, ou encore au profit de rencontres avec les populations rurales autochtones.
Voici donc quelques photos et observations dédiées à une plante endémique de Bolivie, parmi les plus représentatives de notre découverte et de notre étonnement...
(Les photos présentées dans cette page ont été fournies par les membres du CAP).
Lors de ce voyage dans les Andes Boliviennes, avec une dizaine de membres du CAP, nous avons eu le loisir d’examiner et d’admirer une plante qui a parfaitement su s’adapter aux conditions climatiques extrêmes du milieu dans lequel elle vit : l’Azorella compacta, de son nom vernaculaire Llareta ou Yarita en langue Quechua.
C’est une plante succulente de la famille des Apiaceae (Umbelliferae) qui pousse sur l’Altiplano à des altitudes comprises entre 3500m et 5000m. Son adaptation au milieu est remarquable : au fil des siècles, cet arbuste a évolué vers une forme buissonnante basse très compacte, à tel point qu’il est impossible de dissocier les rameaux les uns des autres. Ces différents aspects morphologiques lui permettent de résister aux vents froids et violents de l’Altiplano et aux températures nocturnes glaciales.
A l’intérieur, les tiges forment un entrelac très serré de branchettes lignifiées que l’on ne peut voir qu’en tronçonnant la plante, ou sur des sujets abimés qui ont perdu une partie de leur feuillage. Ce vieux spécimen à droite a été amputé d'une bonne partie de ses branches.
Vue de l’extérieur, et après de longues années de croissance, l'Azorella compacta ressemble à un énorme chou-fleur vert pomme. Certains de ces "coussins" peuvent atteindre de un à deux mètres de diamètre. En exemple ce beau sujet à gauche, isolé dans les chaos volcaniques du Sud-Lipez.
Vue de l’extérieur, et après de longues années de croissance, l'Azorella compacta ressemble à un énorme chou-fleur vert pomme. Certains de ces "coussins" peuvent atteindre de un à deux mètres de diamètre. En exemple ce beau sujet à gauche, isolé dans les chaos volcaniques du Sud-Lipez.
A l’intérieur, les tiges forment un entrelac très serré de branchettes lignifiées que l’on ne peut voir qu’en tronçonnant la plante, ou sur des sujets abimés qui ont perdu une partie de leur feuillage. Ce vieux spécimen à droite a été amputé d'une bonne partie de ses branches.
De croissance très lente (quelques mm par an) cette plante auto-fertile, aux petites fleurs jaunes verdâtres, hermaphrodites, pollinisées par les rares insectes présents dans ce milieu, peut vivre plusieurs siècles.
Les feuilles oblongues et coriaces sont organisées en rosettes très serrées. Les fleurs regroupées en petites ombelles, apparaissent au coeur de ces rosettes.
Une profusion de petites fleurs de 4 ou 5mm de diamètre, d'un jaune plus ou moins vif, recouvre les plantes en cette période de fin de printemps bolivien.
La taille de la main nous renseigne sur l'âge approximatif de ce plan d'Azorella compacta qui doit avoir environ une cinquantaine d'années...
Les feuilles oblongues et coriaces sont organisées en rosettes très serrées. Les fleurs regroupées en petites ombelles, apparaissent au coeur de ces rosettes.
Une profusion de petites fleurs de 4 ou 5mm de diamètre, d'un jaune plus ou moins vif, recouvre les plantes en cette période de fin de printemps bolivien.
La taille de la main nous renseigne sur l'âge approximatif de ce plan d'Azorella compacta qui doit avoir environ une cinquantaine d'années...
Nous avons rencontré Azorella compacta sur plusieurs types de biotopes. Dans les parties basses de sa zone de croissance (en dessous de 4000m), elle se plaît dans une steppe aride vallonnée, typique de la "Puna sèche", couverte de plantes herbacées éparses et de petits buissons épineux. Entre 4000 et 4500m elle se cramponne sur les pentes des sols rocheux ou sableux désertiques. Mais, quel que soit l'environnement, le substrat est toujours d’origine volcanique.
Voici quelques exemples représentatifs du terrain propice au développement de cette plante.
- Ci-dessus : l'environnement, particulièrement aride, se caractérise par la présence d'autres végétaux comme ces fétuques locales jaune-ocre, drues et piquantes, qui poussent en touffes rapprochées et servent de fourrage aux divers camélidés qui vivent ici en petits groupes ou en troupeaux. Le sol y est souvent sableux ou caillouteux, et près des lagunas on peut y voir de nombreuses plaques salines et croûteuses.
- Sur la photo de droite : on se trouve dans une célèbre zone de "chaos" volcaniques à 4500m, où l'on n'observe pratiquement aucune présence végétale en dehors d'Azorella compacta.
A gauche : beau sujet dans un environnement rocheux volcanique, typique de cette partie de l'Altiplano, entre San Pedro de Atacama et le Salar d'Uyuni.
- Ci-dessous : biotope sableux et rocailleux dans la région du Sud-Lipez. Sa couleur blanchâtre révèle la présence de sédiments calcaires prédominants. On y retrouve l'herbe jaune, la Festuca chrysophylla, ou "Paja Brava", ou encore "Stipoa ichu", et quelques buissons épineux avec lesquels ce jeune pied d'Azorella compacta se développe en harmonie.
Ci-dessous, l'environnement, particulièrement aride, se caractérise par la présence d'autres végétaux comme ces fétuques locales jaune-ocre, drues et piquantes, qui poussent en touffes rapprochées et servent de fourrage aux divers camélidés qui y vivent en petits groupes ou en troupeaux. Le sol y est souvent sableux ou caillouteux, et près des lagunas on peut y voir de nombreuses plaques salines et croûteuses.
Sur la photo suivante, on se trouve dans une célèbre zone de "chaos" volcaniques à 4500m, où l'on n'observe pratiquement aucune présence végétale en dehors d'Azorella compacta.
Ici, un beau sujet dans un environnement rocheux volcanique, typique de cette partie de l'Altiplano, entre San Pedro de Atacama et le Salar d'Uyuni.
Un exemple enfin de biotope sableux et rocailleux dans la région du Sud-Lipez. Sa couleur blanchâtre révèle la présence de sédiments calcaires prédominants. On y retrouve l'herbe jaune, la Festuca chrysophylla, ou "Paja Brava", ou encore "Stipoa ichu", et quelques buissons épineux avec lesquels ce jeune pied d'Azorella compacta se développe en harmonie.
Et pour terminer, merci à Pascal et Pierre pour le contenu de cet article!
Impossible de partager ici toutes les photos de Llareta prises par les 10 membres du CAP pendant ce séjour fabuleux… Un volume de 500 pages n'y suffirait pas!
Pour en savoir plus sur le genre Azorella :
Caceres De Baldarrago F., Poma I. (2013). Azorella compacta (Yareta) pianta endemica degli altipiani andini del Sud America. Cactus & Co., 17, 82-95. Article (en Italien et en Anglais) à télécharger au format PDF.
Burger Stefan (Déc. 2020). Azorella compacta - A plant from another dimension. Caribbean Journal of Science 40(1) Article (en Anglais) à télécharger au format PDF.