La Namibie se trouve au sud-ouest de l'Afrique australe, limitée au nord par l'Angola, à l'est par le Botswana et au sud par l'Etat fédéral d'Afrique du Sud. Le littoral Atlantique occupe toute la façade ouest. Deux zones désertiques couvrent la quasi totalité de ce pays aride : le désert du Kalahari à l'est et le désert côtier du Namib à l'ouest; qualifié de plus vieux désert du monde, ce dernier s'étend sur une bande côtière de 1500 km de long et 80 à 160 km de large.
Les deux plantes succulentes que nous présentons ici, remarquables par leur aspect insolite ou leur étonnante vitalité dans cet environnement hostile, sont endémiques de ce pays : l'Aloe dichotoma et le Welwitschia mirabilis
Le biotope dans lequel elles se développent, offre à la fois l'humidité des brouillards côtiers et un ensoleillement maximum.
De la famille des Asphodélacées, cette plante pachycaule d’Afrique australe de l’Ouest, n'est pas un arbre, malgré sa taille pouvant atteindre 5 ou 6 mètres de hauteur : son tronc, creux et spongieux à l'intérieur, constitue une réserve d'eau qui assure son alimentation hydrique.
Souvent dénommé "faux dragonnier", on le rencontre essentiellement dans le nord de l’Afrique du Sud et en Namibie.
Il est connu dans ces régions sous son nom vernaculaire, "KOKERBOOM" ou "arbre carquois"; cela vient du fait que les Bushmen, dont c’est l’arbre emblématique, évidaient des tronçons de branches destinés à ranger leurs flèches lors de la chasse.
Comme son nom l'indique cette plante se ramifie de façon dichotomique, c'est-à-dire que l'extrémité de chaque tige se divise en deux tiges opposées après la floraison.
Le biotope d'Aloe dichotoma est une zone désertique qui se caractérise par des reliefs aux pentes peu escarpées. Ces étendues arides et caillouteuses doivent se contenter d'une pluviométrie extrêmement faible. Seuls les brouillards côtiers apportent le minimum d'humidité indispensable, aussitôt captée et engrangée dans le tronc et les branches de la plante.
Plante hermaphrodite, l'Aloe dichotoma débute ses floraisons au bout de vingt années environ et la première division peut alors se produire à l'extrémité de son tronc.
Lorsque le processus de déhiscence a déclenché l'ouverture des fruits, le vent, parfois violent, assure la dispersion des graines.
Si l’on rencontre encore de nombreux Aloe dichotoma très âgés, on constate aussi une diminution du nombre de jeunes plants : les changements climatiques et l’aridité croissante de ces régions sont peut-être à l’origine du phénomène.
Communément appelé 'TUMBOA', le Welwitschia mirabilis est une plante très étrange qui ne cesse de surprendre aussi bien les botanistes avertis que les simples voyageurs...
Véritable 'fossile vivant', relique de la période jurassique et dernier représentant de la famille des Welwitschiaceae, c'est la seule espèce du genre ayant réussi à survivre jusqu'à nos jours. On peut trouver des spécimens âgés de plus de mille ans, voire deux mille ans.
La spécifité de cette plante remarquable tient à son mode de croissance original, absolument unique dans le monde végétal.
Tout au long de sa vie le Welwitschia mirabilis ne possèdera que deux feuilles, opposées, qui s'allongeront indéfiniment de part et d’autre d’un tronc très court. Le diamètre de ce tronc peut atteindre jusqu'à 4 m, formant un plateau d'où part la base des 2 feuilles. Au fil du temps, l'extrémité de ces deux feuilles se dessèche et se dilacère formant des rubans qui s'entremêlent et se replient les uns sur les autres. Ces lanières enchevêtrées finissent par former un gros tas végétal, qui peut masquer complètement le tronc et le départ des feuilles. Ce processus peut donner l’illusion que les feuilles sont beaucoup plus nombreuses, mais il n’en est rien…
Le Welwitschia mirabilis pousse sur les sols vallonnés et rocailleux du désert du Namib.
Le Welwitschia mirabilis est une espèce dioïque, c'est-à-dire qu'elle comprend des plantes mâles et des plantes femelles distinctes. La pollinisation est probablement assurée par les insectes. L'identification sexuelle des différents plants se fait aisément en observant la ’floraison’.
On peut voir sur les images ci-dessus la différence entre les fleurs de deux plants de Welwitschia mirabilis : une forme ventrue rappelant une pomme de sapin pour la plante femelle, une forme plus fine et allongée, semblable aux doigts de la main, pour la plante mâle.
On distingue bien ici la forme renflée des fleurs femelles de Welwitschia mirabilis et la présence d'insectes sans doute responsables de la pollinisation.
Si, de mon point de vue, la beauté du Welwitschia mirabilis est toute relative, son étrangeté et sa rareté valent vraiment le détour, et le qualificatif 'mirabilis' évoquerait plutôt le caractère étrange et exceptionnel de cette plante...
Un article intéressant pour en savoir plus :
Cardin, L. (2017). Welwitschia mirabilis, Au Bout du Jardin, 58, 3-4.
- Journal trimestiel de la SCAH, Société Centrale d'Agriculture et d'Horticulture de Nice et des Alpes-Maritimes. (en Français)